Voici quatre film méconnus et pourtant captivants, envoûtants, originaux, nouveaux: Baraka, Begotten, Ashes and Snow et MirrorMask.
Begotten (1990) écrit et réalisé par E. Elias Merhige.
Le film Begotten, dont le titre veut dire « obtenu par procréation naturelle », est un poème macabre mettant en scène la naissance du monde et l’apparition de la vie. On y suit un dieu suicidaire, la Terre-mère et son fils dans un paysages sans fin. Begotten est clairement un film à part: un noir et blanc sale mais grouillante de vie; peu de son, surtout des sons naturels, pas de dialogues; peu de scènes, mais longues; des mouvements répétitifs et lents. On ne sait pas toujours ce que l’on voit à l’écran, et il est clair qu’il faut plusieurs visions pour le comprendre. Il y a un contraste important entre l’ambiance (surtout sonore) calme et envoûtante, et la violence des images, pouvant déranger. Grâce à ce style si particulier on se retrouve vite happé par le film qui se revoit très facilement, tant il constitue avant tout une expérience.
[googlevideo]http://video.google.com/videoplay?docid=-7973225371449473825[/googlevideo]
Ashes and Snow (2002) de l’artiste canadien Gregory Colbert.
Ashes and Snow, d’une heure environ, fait partie d’une oeuvre d’art complète: photographies, lettres, installation, deux courts-métrages et ce film d’une heure. Le tout explore les sensibilités poétiques communes entre l’homme et les autres animaux.
Le film n’est pas un documentaire, mais plutôt un poème païen, où l’animal retrouve le caractère sacré qu’il a perdu au fil du temps. On y voit à travers une image sépia magnifique des hommes, enfants et femmes, danseurs, moines bouddhistes ou paysans africains, entrer en communion avec des éléphants, des aigles, des léopards, des grues, des lamantins. En fond, accompagnant une musique envoûtante, Laurence Fishburne (dans la version anglaise, plusieurs versions existent) lit des extraits de lettres fictives d’un voyageur à sa femme, partie écrite de l’œuvre.
Le tout est d’une grâce, d’une poésie, d’une beauté qu’il est impossible de décrire, tant le film est une véritable expérience sensorielle. Jamais vous n’oublierez cet enfant faisant la lecture à un éléphant hypnotisé (en photographie, pas dans le film), cette grand-mère assise à côtés de fauves couchés contre elle, cet homme dansant avec des baleines. Ashes and Snow n’est pas un simple film mais une vraie séance de méditation.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=gSX444hQ5Vo[/youtube]
MirrorMask (2004) de Dave McKean.
Produit par Jim Hanson, écrit par son ami de toujours Neil Gaiman, Dave McKean a réussi le pari insensé de transposer son style visuel novateur et original au cinéma. Dave McKean est avant tout un dessinateur de bandes dessinées connu pour avoir été un des premiers à utiliser le logiciel Photoshop et ses outils dans un but artistique. En ressort des images composites, riches et terriblement belles que l’on peut voir sur les couvertures des Sandman, dans Arkam Asylum, Orchidée, Violent Cases, ou dans son œuvre la plus personnelle, Cages.
MirrorMask est une sorte de conte fantaisiste pour adolescents, bien plus complexe qu’un Harry Potter dans lequel une jeune fille de quinze ans vivant dans un cirque familial se retrouve dans un monde étrange à la recherche du masque-miroir, à la suite de l’hospitalisation de sa mère avec qui elle s’est auparavant disputée. Si le scénario n’emballe pas forcément (bien qu’il cache quelques intéressantes subtilités psychologiques), c’est avant tout l’univers plutôt nouveau, ne ressemblant à rien de déjà vu, qui ressort du film. C’est sombre, poétique, et la dualité bien-mal chère à ce genre d’histoire est ici moins marqué. Il ne s’agit pas pour l’héroïne de sauver le monde, mais de se sauver elle-même, de se comprendre et d’accepter sa vie.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=GA1iawlsKLg[/youtube]
Baraka (1992) de Ron Fricke
Un film sans parole. Ni même de voix off. Juste des images et de la musique. Ce que l’on appelle un documentaire non-verbal.Tourné pendant quatorze mois dans vingt-quatre pays, en 70mm. Des rites religieux, des sites archéologiques, la vie qui grouille, le temps qui passe.
Le sujet? La vie, l’humanité, la planète. On y voir l’homme face à sa spiritualité, sa culture, son histoire, son environnement. On y voit l’homme dans ce qu’il a de plus beau mais aussi de plus destructeur. Beauté et chaos. L’homme face à son seul ennemi, lu-même. Un film qui fait rêver et réfléchir, qui suggère sans démontrer, laissant le spectateur libre de penser tout en lui faisant comprendre qu’il fait partie de quelque chose de plus grand. Un très grand film, original, bouleversant, beau.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=dIB0tLTSneI[/youtube]
Le site d’ Ashes and Snow: http://www.ashesandsnow.org/
La page allociné de MirrorMask: http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=67575.html
Le site de référence dédié aux films non-verbaux: http://www.spiritofbaraka.com
Voilà!
En espérant que quelques uns d’entre vous prendront le temps de découvrir ces films.
Laisser un commentaire